Crédo - Lewu, des racines au Hip-Hop!

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05FéV

[Chronique] Crédo - Lewu, des racines au Hip-Hop!

Ecrit par : Djamile Mama Gao | Lu : 2378

Depuis qu’il a entamé sa carrière artistique, surfant entre le beat-maker, le chanteur et le rappeur, Crédo ne cesse de bousculer les préétablis, et de surprendre les attentes de tous. De l’utilisation de la langue fon, à la technique pour débiter son texte, en passant par la déconstruction des idées reçues, jusqu’au mélange de ses influences, cet artiste multitâche a décidé de venir titiller par son nouveau single.

En effet, avec « Lewou », Crédo, tente l’astuce de l’efficacité sans jamais céder à la facilité. Il est parvenu de ce fait, à trouver l’équilibre entre une rythmique hip-hop entêtante qui pousse au mouvement incessant du cou, un sujet qui rassemble, des propos qui nous ressemblent, des allusions (indiscrétions ?) qui obtiennent de l’écho immédiatement dans notre imaginaire.

Parfois on en rit. Quelquefois on est surpris. Souvent on tique. Régulièrement, on craint pour lui. On se demande s’il ne pousse pas le bouchon trop loin. On se demande si son sens du second degré, sera perçu par tous. Puis on finit par s’y faire, mais surtout, par se laisser faire : d’abord par l’intensité du beat, ensuite par la densité du flow, et enfin par la façon d’amener les mots (à l’américaine ?).

Il y a une mystique de la parole dans « Lewou ». Il y a aussi, une démystification de la réussite artistique. Et, il y a cette escalade de la langue Fongbe, qui se déchaîne, et qui se fait philosophique ou même : incantatoire. Et c’est de cet alliage, qu’on parvient à percevoir l’esthétique de la recherche dans plusieurs courants, unifiée par la voix presque enrayée de l’artiste.

En ce sens, « Lewou » devrait pouvoir contribuer avant tout, à décomplexer davantage, le béninois, vis-à-vis de lui-même et de nos pratiques endogènes. Bien sûr : « Lewou » va donner des idées à nombre d’artistes béninois.

Cela dit, « Lewou » c'est aussi, pour nous rappeler, que même si, créer part du travail avant tout, en Afrique, cela ne saurait pour tout. Il faut le plus qui accompagne. Le plus qui épure. Le plus qui favorise. Le plus qui rajoute. Le plus qui guide. Quoique… comme le précise Crédo : ce n’est pas sans conséquences.

C’est dire qu’on ne devrait s’y aventurer que si l’on se sent prêt à en assumer toutes les responsabilités, et à consentir à toutes les obligations. Quelles qu’elles soient !

Ainsi, avec le raconté surréaliste de nos éléments cultuels, la morale qui s’en dégage, la fluctuation entre chant tribal et rap à fond qu’on y trouve ; « Lewou », semble avoir été fait, autant pour plaire, que pour troubler, que pour perturber ; mais aussi pour questionner. D’ailleurs, celle qu’on pourrait se poser d’emblée après écoute est celle-ci : Seriez-vous capable de tout, absolument tout, pour votre réussite musicale ?

D’une manière ou d’une autre, Crédo nous la pose cette question. Et tous les artistes béninois pourraient se sentir titillés par elle.

Et justement, on ne doute pas de la capacité de Crédo, en dehors de cette interrogation, à se connecter aux autres artistes béninois, notamment, à travers cette façon de, faire référence à certains d’entre eux, en évoquant leurs noms ou leur travail musical. Il tient de ce fait, un discours inclusif, qui amuse, interpelle, choque occasionnellement mais oblige à l’écoute.

Au final, il faut dire qu’avec « Lewou », Crédo, prouve une fois encore, qu’il est débordant de créativité, d’initiatives, et que son travail, bien que s’articulant autour des vannes, d’un brin d’humour piquant ; n’est jamais un acte d’attaque ou d’insulte…