[ACTU] Ces meufs qui vont changer la face du game


Ecrit par : Djamile Mama Gao  |   Lu : 181

Beaucoup d’intéressées, peu d’élues. Beaucoup de passionnées, peu de déterminées pour une carrière continue. Beaucoup de motivées, mais peu de femmes qui parviennent à laisser sur le temps leur empreinte dans le showbizness urbain béninois. Les contraintes de vie y sont pour beaucoup. Le malaise de la survie aussi dans un milieu assez coquin et qui peut devenir rapidement salace. Et bien souvent, le manque d’organisation, de plan de carrière et surtout d’équipe à patience constructive. Heureusement, quelques-unes parviennent encore à tenir le rythme, à construire progressivement et à arriver avec leur singularité pour redessiner les contours du milieu. C’est respectivement le cas de Sadky, de Kamino Mélissa et de Voilà Lulu. Elles incarnent, trois frontières générationnelles d’audacieuses prêtes à bousculer les codes. Trois univers distincts, trois défis à relever, mais une même ambition : marquer le game chacune à leur manière. De quels atouts disposent-elles pour y parvenir ?

 

SADKY ET SON RAP ZOZOPIAPIA

 

Elle a le flow. Elle a la dégaine. Elle a la hargne. Elle a la niaque. Sadky impose une présence scénique et une aisance verbale qui font d’elle une figure immédiatement reconnaissable. Son rap, incisif et agile, s'inscrit dans une tradition où le débit rapide et la rythmique syncopée lui servent d’outils d’impact. Quand elle rappe, Sadky est en mode mitraillette. Son élocution est vive, sa prononciation précise, son ton est frétillant, son timbre pétillant. Depuis plus d’une dizaine d’années qu’elle mêle influences traditionnelles au hip-hop, elle ne cesse de confirmer sa volonté à affûter sa voix en la mettant au service d’une énergie farouche et indomptée. Ainsi, elle impose son style, naviguant avec des thèmes à caractère socio-culturels interpellant et plus récemment avec un égotrip identitaire qui allie vitesse et technique. « Agoodjié » démontre en effet qu’elle conserve. Son défi ? La constance. Transformer ses retours fulgurants en trajectoire régulière. L’enjeu fondamental est donc celui-là : tenir le cap, soigner son imagerie afin qu’elle transcrive sa dimension évolutive et prouver que son talent est une signature sonore capable de s’ancrer dans la durabilité !

 

KAMINO MÉLISSA ET LE STYLE DU RAFFINEMENT

 

Kamino Mélissa évolue dans un registre où la subtilité et l’authenticité sont les clefs de voûte. Son univers, de bon goût, de bon ton, coquet, distingué, et raffiné, ne concorde pas avec une quête de grand public. Autant par son allure, que par sa personnalité, sa singularité, et son feeling. Elle dégage une aura d’artiste dont l’audience est nichée et capable d’apprécier la finesse de ses mélodies, la courbure de ses envolées et l’étirement de sa voix grêlée, à la fois fragile et pénétrante. Son univers est un écrin, un territoire sonore qui vise à toucher à l’intime comme une manière de s’assumer dans le monde, de se trouver en soi, et de s’envelopper d’attentions de délicatesse, de bienveillance, de recentrement et d’affectuosités. D’autant que Kamino Mélissa, c’est l’élégance de l’exception, de la particularité, de la spécificité artistique à même captiver les esprits les plus fins et les cœurs les plus sensibles. Ses reprises de « Jailer » (Asa), de « Let’s go back » (Jungle) et ses interventions live prouvent que les vibes et la musique qu’elle distille s’apprécie comme un grand cru. Son défi ? La persévérance. Continuer à tracer son sillon, à affiner sa pratique, et attirer ce public de niche qui reconnaît la valeur du rare. Ainsi, il s’agirait pour Kamino Mélissa et son équipe, de construire une communauté prenium qui lui permettra de rentabiliser à l’échelle de sa cible, et de progresser avec elle vers d’autres sphères de visibilités, d’exposition. Cela implique notamment d’admettre que l’essentiel pour elle, n’est pas d’exploser (tout de suite), mais de maintenir un cap pour s’affirmer avec patience, pour conquérir un public qui sait reconnaître l’orfèvrerie musicale qu’elle incarne, et se positionner sur des festivals, des événements, des initiatives (même privées) qui lui garantissent de devenir une diva plus qu’être une star (quoi que progressivement les deux pourraient s’envisager). 

 

VOILÀ LULU ET SES FAUX AIRS MIMIS

 

À peine arrivée, qu’elle s’est créée son couloir, qu’elle bouscule les codes, et qu’elle se hisse plus vite que son humour. Il faut dire qu’elle regorge de tous les ingrédients qui font qu’elle ne peut ni passer inaperçue, ni paraître de trop. Voilà Lulu joue sur une ambiguïté savamment maîtrisée. Avec son bonnet coloré et son allure de douceur candide, elle donne l’impression d’une présence inoffensive, presque enfantine. Or, derrière ce masque se cache une artiste à la créativité foisonnante. Et dans le milieu urbain béninois, cet archétype d’artiste n’existe quasiment pas. Elle vient donc avec une perspective de renouvellement qui apporte de la fraîcheur, suscite curiosité et entretient une dynamique de nouveauté tant attendue au vu des cycliques musicales auxquelles la musique urbaine béninoise s’habitue au fil du temps. Oui, elle ressemble à une peluche, mais sa musique est un tourbillon. En effet, sa house déjantée, matinée d’un R&B ciselé, révèle un univers où la légèreté se mêle à une originalité locale survoltée. En cela, Voilà Lulu, c’est l’illusion de l’innocence et la surprise d’un son qui repousse les limites. De plus, la subtilité linguistique qu’elle arbore, vient rajouter une saveur atypique à son approche : un fon qui se fond astucieusement dans les airs, sons et rythmes électroniques. Le tout, enrobé d’une voix et d’une manière de la placer, qui permet de musicaliser la langue et d’infiltrer dans cette trame sonore électrique, des phrasés rappés qui en deviennent la colonne vertébrale. Cela dit, même si son identité artistique est indéniable, le véritable enjeu pour Voilà Lulu se situe dans l’endurance : tenir la cadence, garder cette énergie, continuer à surprendre sans s’épuiser, se renouveler sans se diluer, entretenir une vision sans se laisser tenter par les tendances rapides, accepter sa visibilité située et affirmer sa place avec innovation.

 

AU FINAL…

 

Sadky, Kamino Mélissa et Voilà Lulu incarnent trois trajectoires affirmées, portées par une force intérieure qui dépasse les contingences du showbizness béninois. Chacune, à sa manière, ouvre une brèche d’envergure, entre refus du prêt-à-créer, maîtrise de sa nature créative et audace insoupçonnée. Mais au fond, au-delà du talent : ne devront-elles pas s’exporter pour que l’écosystème local ne finisse pas par avoir raison de leur élan, de leur plus-value, de leur longévité ?

 


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