[ACTU] X-Time ou l’esthétique hip-hop appliquée à la réalisation


Ecrit par : Djamile Mama Gao  |   Lu : 65

Chez X-Time, la réalisation audiovisuelle s’inscrit dans une continuité directe de son exploration de la culture hip-hop. D'abord en tant que référence de captation, puis comme matrice de construction visuelle. Comment fait-il le pont et comment entretient-il cette continuité ?

 

COHÉRENCE D’UN CANEVAS DYNAMIQUE 

 

La structure des clips que X-Time réalise s’appuie sur une logique de rythme et de juxtaposition qui rappelle les codes du montage typiques du genre musical venu du Bronx : accélérations, ruptures, effets de transitions appuyés, insertions d’éléments graphiques, et recours à des plans serrés dynamiques.  

 

Ce langage visuel repose sur une approche assumée de l’exubérance. L’image ne cherche pas la neutralité : elle revendique une tension, une expressivité, un certain enchevêtrement organisé, à l’image des univers rap qu’il connaît bien. En cela, le cadrage adopte souvent une posture frontale ou latérale qui accentue la mise en scène des corps, des postures, et des symboles.  

 

Au-delà de son identité de rappeur, X-Time transpose dans ses images une philosophie du hip-hop fondée sur la mise en valeur de l’attitude, du rythme et de la scénographie de l’énergie. Cette cohérence entre identité artistique et posture de réalisateur donne à son travail une signature immédiatement reconnaissable : le clip comme un prolongement performatif de l’univers sonore.

 

L’ATTITUDE COMME POSTURE NARRATIVE 

 

Les réalisations de X-Time s’appuient sur une mise en exergue de l’attitude comme vecteur d’affirmation. Le corps filmé devient un instrument d’autorité. La posture des protagonistes repose sur des codes visuels de défi, où le regard frontal, fixe ou dévié, occupe une fonction centrale. Au-delà de regarder la caméra, X-Time veille à faire en sorte que ceux et celles qu'il fait capter, s’y positionne comme sujet actif, porteur d’un message d’assurance ou de confrontation. Cette intention visuelle convoque un imaginaire proche de celui du polar, dans lequel les personnages opèrent en marge des circuits classiques, construisent leur propre système de valeurs et s’inscrivent dans un univers interlope structuré autour de hiérarchies codées. L’esthétique emprunte ainsi  certains éléments à l’iconographie mafieuse, non pour en reproduire la logique, mais pour évoquer la trajectoire de figures en construction, autonomes et stratégiques, qui évoluent dans des zones grises, à travers ses réalisations.

 

LE CLIP COMME PULSATION VISUELLE

 

Le travail de X-Time se caractérise également par une attention soutenue au rythme, conçu comme matrice de structuration des images. Le montage suit de près l’instrumentation, avec un accent particulier sur les percussions rapides, notamment les charleys, qui dictent la cadence des cuts et des changements de plans. Cette synchronisation entre le son et l’image crée un effet de tension continue, renforcé par la fréquence élevée des transitions. Le mouvement de rotation, souvent utilisé, intervient comme procédé de dynamisation, contribuant à désaxer le regard et à maintenir une énergie circulaire au sein du cadre. À cela s’ajoute un usage marqué des effets spéciaux, qui amplifient les contrastes, les saturations et les déformations visuelles. Ce recours accentué aux manipulations numériques participe à une mise en tension des images, au service d’une narration fondée sur le choc visuel et la performance de style.

 

EN DÉFINITIVE...

Le style de X-Time devient un prisme à travers lequel, il tente d’interroger la fabrique même des représentations et de la représentativité des accomplissements/discours alternatifs dans nos sociétés. Ce positionnement fait de X-Time une figure dont l’approche identitaire s’ancre dans une forme de fidélité à une culture d’origine vouée à la défense des préoccupations marginales ; tout en la réinterprétant à travers l’outil vidéographique. Reste alors à se demander ce que cette mise en scène cyclique de la puissance, du pouvoir, de l’avoir et de la fulgurance visuelle dit du regard que X-Time porte sur les trajectoires artistiques dans notre environnement. Met-elle en lumière une volonté de revalorisation esthétique des marges ou  constitue-t-elle une réponse formelle à l’invisibilisation de certains récits dits trop outsiders dans notre contexte ?

 

(C) Par Djamile Mama Gao


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