[Chronique] «NouOunDoBuzz», le plus que son de Crisba
Ecrit par : Djamile Mama Gao | Lu : 2880
Ce n'est pas la chanson qu'il faut écouter, c'est la portée de la prise de parole. Ce n'est pas la chanson qu'il faut écouter, c'est le cœur qui se cache derrière chaque propos scandé. Ce n’est pas la chanson qu’il faut écouter, c'est le vécu qui se relate qu’il faut vivre, c'est l'histoire d'être qu'on entend qu’il faut ressentir.
Ce n'est pas la chanson qu'il faut écouter, c'est la foi d'un artiste qui croit qu'il va croître et qu'il va faire en sorte de mériter sa place ; qu’il faut respecter. Ce n'est pas la chanson qu'il faut écouter, c'est l'application d'un passionné qui partage avec lui-même et les siens, un désir de s’affranchir des handicaps (possibles), de franchir les étapes de sa carrière, grâce à l’impulsion de sa vision, et de ses objectifs visés.
Ce n'est pas la chanson qu'il faut écouter, c'est la négation de sombrer dans la négation ; qu’il faut remarquer. C’est aussi cette abnégation, cette volonté, d’un artiste qui a conscience des enjeux d’un parcours artistique. Enjeux aux multiples facettes : relationnel, environnemental, économique, et professionnel.
Ce n’est pas la chanson qu’il faut écouter, c'est le sens de l’implication de Crisba, qui sait le labeur (à tout point de vue) que suppose de vouloir réussir à tout prix, afin d’impacter des gens, de fidéliser des fans, de s’entourer convenablement, d’optimiser ses performances, pour atteindre le haut niveau.
Mais au-delà, il faut dire que c'est une chanson critique de ce que représente le buzz dans la réalité du show-business béninois et parfois même, dans la réalité du show-business en général.
Plus encore : « Nou’ Oun Do Buzz » se veut être également, un son autocritique, aussi bien, par rapport à ce que l'artiste est et pourrait devenir à mesure que sa musique fera parler d’elle ; mais aussi par rapport à ce que l'artiste vit et ressent face aux réactions des gens autour.
Autrement dit, c'est un son de dévoilement mais surtout d’anticipation. Un mea-culpa, avant d’être coupable d’avoir réussi, d’avoir eu le buzz que sa musique mérite, d’avoir pu devenir le Crisba qu’il s’imagine devenir.
Mais encore plus loin : c’est en quelque chose, une sorte d'annonce de revanche, sur tout ce qui a pu le marquer et qui continuera à le marquer, durant son parcours de jeune artiste qui ambitionne et travaille à devenir grand.
Tout y passe : Les intentions qu'on vous prête ; les refus qu'on essuie ; les prétentions qu'on croit pouvoir mériter parce qu'on a réussi ; le poids de l’égo ; les pièges de la notoriété ; l'hypocrisie ambiante, autant de ceux qui attendent que vous ayez réussi avant d'oser croire que vous êtes capable de vous en sortir, que de ceux qui sont vos proches censés être normalement votre socle mais qui finalement sont tout le contraire.
Tout y passe : même les vices qu’on développe quand on a de l’impact (les femmes, l’alcool, etc.) ; les complexes qu’on nourrit (comme la gêne de marcher désormais ou celle de manger les repas habituelles du coin : talé talé ; etc.)
Et parce que tout y passe, on pourrait prétendre que la question fondamentale que nous pose cette chanson est celle-ci : le buzz suffit-il à tout ?
Bien sûr, il y en a d'autres qu'on devrait poser : que représente le buzz pour chacun ? Comment devrions-nous être capables de gérer le buzz ? Comment devrions-nous utiliser le buzz ? À quoi devrait servir le buzz ? À quoi sert le buzz ? À qui faire le buzz ? Et comment un artiste qui buzz devrait vivre son buzz ? Ou mieux : comment un artiste qui fait le buzz, devrait vivre de son buzz ? Ah oui, une dernière question s’impose : peut-on vivre de son buzz quand on est artiste ?
Nou’ Oun Do Buzz, c’est donc un univers où se côtoient les grandes questions presque idéologiques de l’utilité ou l’impact du buzz dans la carrière d’un artiste et ; l’introspection d’un rappeur intérieurement ému, qui fait de son expérience le sujet focal d’une écriture esthétiquement comique et limpide.
Au final, nous sommes dans une construction musicale faite essentiellement d'autosuggestion mais également prémonitoire sur les rebords.
C'est pourquoi, comme suggéré depuis le départ : ce n'est pas la chanson qu'il faut écouter, c'est d’abord l’attrait et la puissance émotionnelle hip-hop que suggère l’univers du beat orchestré par IChris. C’est ensuite la profondeur du ressentiment de l’artiste, c'est la sincérité de la transmission, c'est aussi le sens de la fidélité de Crisba aux gens qui ont cru en lui depuis le départ, c’est sa culture du respect envers ceux qui travaillent avec lui, et enfin ; c'est sa volonté à gravir les échelons en passant surtout, par le buzz de son talent.
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