[INTERVIEW] Martin HOD: « Je suis bel et bien l’initiateur du zouk au Bénin »


Ecrit par : Jaures Bradley  |   Lu : 1308

Initiateur du Zouk au Bénin dans les années 90, Martin Hod fait partie des plus grands artistes de la musique africaine avec à la clé une récompense aux « Kora music awards » en Afrique du Sud en 2005. Ce Franco-Béninois installé en région parisienne depuis 1998, a à son actif plusieurs albums réalisés au prix de son travail acharné et de sa passion pour la musique. Après plus de 25ans de carrière, Martin HOD est toujours en forme et signait il y a quelques jours une toute nouvelle production : « VIENS AVEC MOI ». A l’occasion, notre équipe de rédaction s’est entretenue avec l’artiste. Un échange riche que nous vous invitons à suivre dès maintenant !

 

En France depuis plusieurs années, comment apprécies-tu la vie là-bas ?

 

Après plusieurs années passées en France, la vie selon moi en Europe, en particulier la France où je vis, n’est pas du tout facile pour nous en tant qu’immigrés déjà. Mais si tu sais dans ta tête ce que tu viens chercher en Europe, malgré tous les obstacles ou galères que tu peux rencontrer sur ton chemin, tu dois te battre pour atteindre ton objectif. La vie en France n’est pas faite pour les paresseux, ni les dormeurs. Il faut se lever tôt pour gagner son pain quotidien.

 

Avec la famille, les affaires professionnelles et tout, quelle place la musique occupe aujourd’hui dans ta vie et comment tu arrives justement à gérer les séances studio ?

 

Avec ma vie familiale, les affaires et tout, la musique occupe une place très importante dans ma vie puisque je continue toujours de la pratiquer. Elle reste ma passion et j’arrive à gérer tant bien que mal tout à la fois, tournée musicale, enregistrement studio et boulot. J’avoue que ce n’est pas facile mais j’essaie quand même de tenir et je m’en sors tout doucement.

 

La légende raconte que tu es initiateur du zouk au Bénin. Tu le confirmes ? Si oui, comment tu y es arrivé ?

 

Je suis bel et bien l’initiateur du zouk au Bénin. Je le dis parce que je sais quand est-ce que j’ai commencé. Mon premier album que j’ai sorti, je sais comment ça a évolué à Cotonou avec des animateurs comme Steeve FACIA qui peuvent confirmer. La génération qui était là dans le temps quand j’ai commencé, le sait très bien. La nouvelle génération d’aujourd’hui, il y a certains qui m’ont connu parce que j’ai suivi le mouvement. Mais il y a d’autres qui ne me connaissent pas parce qu’ils sont très jeunes. En tant qu’initiateur du zouk au Bénin, mon premier album était sorti en 1990-91, enregistré à Abidjan au studio Séquence 2 Plateaux, avec Alain Sawaya et les musiciens du groupe WOYA, dirigé par le feu Marcelin Yacé. C’est un groupe qui a tellement cartonné dans les années 90. Et c’est d’ailleurs Marcelin Yacé, le chef du groupe qui avait arrangé mon album dans le temps. Philipe GNANHIH PIPO, qui était le guitariste, le bassiste de mon premier album « OMAN ORAYE », que les gens ont connu, dansé dessus. Il y a eu des titres comme « Déclaration d’amour » que les gens ont beaucoup aimés. J’ai enchainé pas mal d’albums, j’en ai eu au moins deux à Abidjan qui ont cartonné tels que « Marie Pentecôte », « Ne Doute Plus ». Déjà 30ans de carrière que j’ai à mon actif, j’ai reçu des prix tels que les Kora Awards. J’ai reçu un prix dans mon style, le zouk en tant que créateur. Meilleur artiste masculin dans les dixièmes années de Kora Awards. Egalement, j’ai été élevé  au rang de l’officier de l’ordre au Bénin, chez moi, Commandeur de l’ordre du mérite, Chevalier de l’ordre du mérite aussi. Tout ça confirme quand même que Martin Hod c’est quelqu’un. Un artiste qu’il ne faut pas négliger. C’est vrai que je suis là, je n’aime pas trop me faire voir, je suis très discret, mais la discrétion ne fait pas que je ne travaille pas. Quand je veux faire quelque chose, je le fais bien. Je ne fais pas n’importe quoi. Je respecte beaucoup mon public. Et je suis aussi le mouvement des jeunes aujourd’hui car ce sont eux qui consomment le plus. J’essaie donc de m’adapter !

 

Et comment apprécies-tu le zouk aujourd’hui au Bénin ? Ainsi, que les artistes qui le font toujours malgré la tendance afrobeat.

 

La musique a tellement évolué au jour d’aujourd’hui que quand on suit la tendance, on sent la fusion de pas mal de rythmes qui donnent de nouveaux rythmes. Je prends l’exemple de l’afrobeat. Dans l’afrobeat love, on sent quand même de la cadence zouk, des rythmes Kompa. Et tout ça donne un nouveau rythme en quelque sorte. Alors, le zouk, le kompa, le kizomba, il faut du travail autour pour avoir de nouveaux styles. D’où les haïtiens, américains, vivant aux Etats-Unis, ont pu créer ce nouveau rythme qu’on appelle le Kompa gouyad. Et moi, vu que je voyage beaucoup sur les Etats-Unis, je suis ce mouvement, je vais voir le concert de ces haïtiens qui jouent souvent en live. J’ai tellement aimé ce rythme qu’ils ont sorti, sa cadence, je sens du nouveau. Ils m’ont expliqué cela, leur manière de chanter, leur flow et tout ça. Je leur ai posé la question et ils m’ont dit, c’est une nouvelle création, ça cadence très bien, j’avoue. Et moi pour avoir cette cadence, je préfère travailler avec ces musiciens qui ont pu créer ce rythme. Je veux de l’originalité, du son. Ils en ont, je l’ai su beaucoup. C’est ça qui m’a amené vers eux justement pouvoir travailler parce que je ne veux pas collaborer avec ceux qui ne s’y connaissent pas. J’ai déjà fait l’exemple d’aller voir les antillais pour pourvoir faire le gouyad, mais ils ne savent pas faire. Ils m’ont dit toute suite qu’ils ne savent pas faire, d’aller voir les haïtiens. J’ai donc été voir ces derniers, ils ont ça dans le sang, ils connaissent leur truc. C’est pour ça j’ai travaillé avec eux pour pouvoir sortir mes sons kompa gouyad de la nouvelle génération.

 

Je veux aussi dire à nos jeunes artistes qui travaillent aujourd’hui de faire vraiment des recherches. Parce que dans la musique, il faut faire des recherches, il faut beaucoup écouter les autres. Ne travaillez pas surtout avec des gens qui fabriquent juste de la musique. Non non il faut travailler avec des gens qui savent le faire, qui connaissent leur truc. Si tu veux faire du zouk, tu fais du zouk avec quelqu’un qui fait du zouk. Si tu veux faire du kompa, tu le fais avec celui qui s’y connait vraiment. Parce que je vois des artistes qui sortent des musiques qu’un autre arrangeur fabrique à sa manière. Ce n’est pas original, moi je préfère de l’originalité, travailler avec quelqu’un qui connait. Les guitaristes haïtiens, ils connaissent leur travail. Ce sont eux qui ont créé leur style. Et je préfère travailler avec eux. C’est vrai que tout le monde peut avoir les mêmes idées que moi, mais tout le monde ne peut voyager et se dire que je vais enregistrer mon son aux Etats-Unis. Mais il faut rêver, il faut chercher. Je pense qu’en faisant ça vous allez atteindre votre objectif. Moi, ça me fait plaisir aujourd'hui que tout le monde dise « ah ouais, il a fait du kompa, un nouveau style ». Mais c’est joué avec des haïtiens de la nouvelle génération, ceux-là même qui ont créé ce rythme, c’est fait avec eux. Tous les musiciens qu’on a pris, les ingénieurs de son, ils vivent tous aux Etats-Unis. Moi, je suis fanatique du son, j’aime le son original et c’est ça qui m’a amené là-bas. Si je n’avais pas les moyens d'y aller, je ne le ferai pas. Je ne fais pas du n'importe quoi. Je respecte mon public, je préfère faire quelque chose de bien pour que le public consomme.

 

Entre temps, tu as disparu de la scène musicale. Quelles ont été les raisons ?

 

Oui c’est vrai que j’ai disparu de la scène musicale mais tout ça c'est parce que j'ai une vie de famille à gérer, les enfants et tout ce qui va avec. Ce n’est pas facile de fusionner les deux. Mais je n’ai pas totalement disparu de la scène musicale parce que je suis souvent appelé aux États-Unis. Je fais des tournées sur les États-Unis, Londres, Canada, etc… Quand je prends des vacances, je programme des tournées sur les jours de mes vacances pendant un mois. J’essaie de me faire voir dans les agones d’autres pays autres que le Bénin. Tout ça me fait réfléchir aussi et j'essaie quand même de me préparer. Je sais que la nouvelle génération prend de la place. Mais nous en tant qu’ancien, on ne va pas aussi laisser notre place justement. Il faut toujours se faire voir et dire à nos fans qu’on est là. Parce qu’ils nous ont connu, ils veulent toujours des choses sur nous et ne voudraient pas qu’on ne disparaisse pas. Moi j’essaie quand même de travailler, j’écoute beaucoup. Je vais voir quand même ces jeunes quand je voyage. J’essaie de collaborer avec des jeunes qui cartonnent. Je me mets à la page de temps en temps. Tout ça qui a fait quand même qu’au jour d’aujourd’hui, j’ai pu sortir ce style qu’est le gouyad qui a été créé par les haïtiens, un nouveau style qui cartonne en ce moment. C’est pour montrer à mes fans du Bénin et d’ailleurs que j’ai pas disparu, que je suis toujours là et que je travaille. Et comme on le dit toujours, on recule souvent pour mieux sauter.

 

Aujourd’hui, tu es de retour avec un nouveau titre « Viens Avec Moi ». Tu as beaucoup insisté sur le genre « Kompa Gouyad ». Pourquoi ?

 

J’insiste sur ce nouveau style Kompa Gouyad pourquoi ? Quand vous écoutez le kompa normal, qu’on avait écouté dans les années, il y a forcément quelque chose qui a changé complètement dans le rythme. Quand vous écoutez le zouk des antillais, des Caraïbes, et quand vous écoutez le kompa, coté guitare, coté clavier,  et les solos, vous allez sentir une différence. Et la manière de chanter aussi, vous allez sentir qu’on met un peu de l’anglais. Il y a de petites phrases, des flows, des machins qu’on met dedans, la fille qui faisait des balades dedans… C’est tout ça qui fait le nouveau style Kompa gouyad. Ce n’est pas de la même manière qu’on danse le zouk, qu’on danse le gouyad. Le gouyad se danse dans le style, parce que quand vous écoutez la musique gouyad, il y a le dancehall et la manière du flow, des réponses dans la nouvelle musique. C’est pourquoi j’ai insisté sur ce nouveau rythme qu’on appelle du kompa gouyad.

 

Maintenant, allons à la découverte de VIENS AVEC MOI. Raconte-nous l’histoire derrière ce titre, c’est-à-dire comment l’inspiration est venue, les séances de studio de réalisation du clip, comment tout ceci s’est passé ?

 

C’est l’histoire d’une fille qui est souvent en détresse. Les hommes abusent beaucoup d’elle, car elle est très belle et tout le monde veut justement d’elle. Et ceux-là qui viennent vers elle, ce n’est pas pour la prendre en mariage. Ils veulent juste abuser de sa beauté et la lâcher après. Et moi cette fille, je l’ai croisée au bord de la mer et j’ai senti en elle qu’elle est un peu délaissée, qu’elle réfléchit justement. Je suis donc allé vers elle, j’ai essayé de l’aborder pour une discussion et c’est de là qu’elle m’a raconté son histoire. C’est par là que moi je me suis dit que c’est une fille qu’il faut prendre en mariage car elle le mérite. Je lui disais donc de ne pas écouter tous ces gars autour et que moi je suis désormais là pour elle. Et je voudrais refaire sa vie en la prenant pour épouse et on sera heureux. C’est un peu l’histoire en bref. Donc j’ai pensé aussi au clip qui doit accompagner le son. J’ai beaucoup suivi les clips de ces jeunes qui font du gouyad aux Etats-Unis. Ils sont un peu dans le style afrobeat et ils font de très beaux clips qui accompagnent la chanson. Ils misent beaucoup dans la réalisation de leur vidéo. Et moi je me suis dit que je ne peux pas faire un clip comme ça sans faire une vidéo qui l’accompagne. Je suis content aujourd’hui de voir que le public l’a accepté. Ils ont beaucoup apprécié le clip, ils ne s’y attendaient pas justement. C’est vrai que j’ai annoncé plusieurs fois que je viens, je viens et les gens n’y ont pas cru. J’ai surpris un peu mon public et ils ont bien pris ça. En deux semaines, je suis a plus de 20.000 vues, et ça fait plaisir.

 

Je dis aussi merci à Daan Junior  qui a travaillé le son comme le sien. Il a fait même mieux que son morceau, c’est ce qu’il m’a dit. Il m’a dit « Martin, je vais te faire de la musique, on va travailler parce que je sens que tu as une belle voix, tu es un artiste hors-pair, et je préfère que de te faire un travail mieux que ce que moi je fais, parce que moi-même je suis musicien. ». Donc il a donné son cœur au projet et il l’a bien fait, je lui dis merci d’ailleurs. Je dis aussi merci à Fabiola qui faisait des voix de femme, et qui a une très belle voix aussi. Je salue toute cette équipe ainsi que tous les musiciens aux Etats-Unis, les ingénieurs de son. Tous ces gens, je leur dis merci.

 

Aura-t-on l’occasion très tôt de te revoir sur le podium ?

 

Oui sur les podiums du Bénin, pourquoi pas. C’est un nouveau départ je dirai avec « Viens Avec Moi ». J’ai beaucoup de titres que les gens aiment bien. Je souhaiterais bien être sur le podium dans mon pays, c’est mon souhait. Et je pense qu’avec ce titre « Viens Avec Moi », je viendrai au Bénin et je serai avec mon public du Bénin et d’Afrique pour pouvoir chanter ensemble ce titre ainsi que mes anciens titres. Mais surtout ce nouveau titre que les gens sont en train d’adopter. C’est mon souhait !

 

Apres VIENS AVEC MOI, quelle sera la suite ?

 

Les gens disent très souvent que Martin HOD crée toujours la surprise. Alors, je préfère vous surprendre avec ce qui sera la suite. (Rire). Ca ne saurait tarder, on réfléchit toujours Daan et moi. On a formé une équipe et avec celle des Etats-Unis, je pense qu’on aura une suite et ça ne saura tarder.

 

Ton artiste béninois préféré ?

 

Coté homme ou femme, j’en ai pas un. Ils sont beaucoup, de vrais chanteurs, ceux qui chantent vrai. Franchement, je vous dis Sagbohan c’est le père, c’est le vrai. Moi je l’écoutais, mes parents l’écoutaient avant, Ce monsieur est ce qu’on appelle CHANTEUR, il chante vrai. Après, j’ai Angélique KIDJO. C’est une dame de fer. Elle chante vrai et elle est bien. J’en ai un autre aussi Janvier Denagan, il est dans la tradition aussi. Sa mort m'a beaucoup choqué et je ne peux que désormais prier pour qu'il repose en paix. Pour ce ne citer que ceux-là c’est un peu des gens que j’apprécie et que j’adore.

 

Un mot de fin ?

 

Je veux juste dire merci à mon public qui m’attendu, ce public qui me suit depuis des années, et qui croit en moi. Ils savent quand même que j’ai quelque chose à leur donner, ils ont toujours attendu la chose de moi et je leur ai servi. C’est à eux maintenant de consommer, et de soutenir ce morceau pour que j’aille encore très très loin dans cette carrière. Ils me connaissent, ils savent que je crée toujours la surprise. Je demande à tout le monde de faire la promotion de « Viens Avec Moi », parce que c’est Martin HOD, leur idole. Qu’ils fassent connaitre mon nouveau tube, de me supporter parce qu’on est tous des béninois et ce sera notre pays qui ira très loin. S’ils aiment vraiment notre pays le Bénin, qu’ils supportent Martin HOD et qu’on reste ensemble, que cette musique aille très loin. Merci à vous tous, merci à My Addictive. A très bientôt sur la scène à Cotonou.


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