[Chronique] Est-ce qu’un artiste de la musique urbaine béninoise pourrait un jour remplir le Stade de l’amitié?


Ecrit par : Mozart D.  |   Lu : 2536

De mémoire de béninois, très peu d’artistes de la musique urbaine béninoise ont eu à organiser leurs propres concerts au Stade de l’amitié ou encore au Palais de Sport de Cotonou. Très peu! Et cela ne semble inquiéter personne, aucun acteur de cette musique. Pourtant, c’est aussi une problématique sur laquelle il faut réfléchir. D'abord, combien sont ces artistes aujourd’hui qui ont pensé à faire leurs propres spectacles? Combien sont-ils à réaliser ne serait-ce qu’une fois leurs propres concerts dans des salles de spectacles? Combien d’entre eux possèdent un répertoire assez solide à proposer au public? A quand le concert d’un artiste de la musique urbaine dans les grandes salles du pays (Palais de Sport, Hall Des Arts, etc…) ?  Faudrait-il rappeler à nos artistes que, arrivé à un certain niveau de leur carrière, ils ont besoin de s’affirmer ? Et comment mieux y parvenir que d’essayer de remplir une grande salle ou le Stade de l'amitié dans notre cas ? En France par exemple il n’est pas rare de voir Booba se moquer de ses collègues artistes en leur mettant au nez son succès au Bercy qu’il a rempli  à lui tout seul, beaucoup ont essayé de faire de même avec plus ou moins de succès.

Quand un artiste étranger réalise un concert à guichet fermé dans son pays, nous sommes les premiers à relayer les images ici. Cela ne nous plait-il pas d’en faire de même? Pourquoi ne voulons nous pas oser aussi, prendre un tel risque ? Je voudrais bien voir un Fanicko remplir le Palais de Sport pour commencer, ou Vano Baby, Nikanor, Tyaf… Ceux-là qui jouissent aujourd’hui d’une énorme visibilité sur le territoire national. 

On peut se demander s’ils n’y ont pas pensé, mais c’est sûr que oui, Qu’est ce qui bloque alors ? Quelles sont leurs peurs ? Nous allons essayer de sonder les problèmes de nos artistes et leurs peurs :

1- Ils sont des "buzzeurs", et non des entrepreneurs!

La plupart d’entre eux aujourd’hui sont des artistes de boites de nuit, de journées culturelles, de mariages, d'événements organisés par certaines entreprises de la place… Ils pensent toute suite à gagner de l’argent, et non à mener une vraie carrière qui pourrait les amener à monter de grandes scènes. A force de traîner partout, d’offrir les mêmes shows, de chasser le buzz, ils n’ont plus de mythes. C’est vrai que le métier d’artiste n’est pas facile et le besoin de rentabiliser pour continuer est fréquent, et aussi que les cachets des petites scènes aident grandement. Il n’est pas rare de voir les mêmes artistes sur plusieurs affiches de weekend en weekend. Mais qui veut aller loin ménage sa monture dit-on. Que proposeront-ils au public quand ils auront leur propre concert?

2- Pourquoi aller à un concert d’un artiste qu’on voit tout le temps ? 

Imaginez votre voisin est un musicien et chaque matin vous le voyez sortir les poubelles, acheter "Atassi" chez la vendeuse du coin et le soir vous l’écoutez chanter dans sa chambre. Posons-nous la question de savoir si cet artiste organise un concert payant, est ce que nous irons ? Je parie qu'au moins 70% d’entre nous diront "non". Pourquoi ? Il n’a plus rien de spécial, il est à nos yeux comme un simple citoyen. Et c’est le problème de beaucoup de nos artistes, être proche des fans oui mais être partout dans tous les forums sur toutes les scènes, dans tous les clips, donner son avis sur tout. Non un artiste se doit de créer un mythe autour de sa personne. Tout le monde se presse pour aller aux concerts des artistes étrangers car en plus de leur buzz, ils ont cette part de mystère, ils sont inaccessibles. On ne voit pas ces derniers, et c'est donc des occasions à saisir.

3- Musicalement, ils sont pauvres (que vont-ils proposer de nouveau au public qu’il n’ait pas encore entendu)!

Dès qu’un concert s’approche, on commence à chanter dans sa tête. Oui on refait le tour de la discographie de l’artiste de ses tubes. Oui on rêve! Mais nos artistes ont combien de singles à succès si ce n’est Blaaz ou quelques autres. Combien ont fait rêvé ? Difficile de donner envie au béninois de sortir de chez lui pour payer pour un concert de trois heures où il va s’ennuyer à mourir. Avant un concert, il est nécessaire d’avoir du contenu sauf si on s’appelle Big Shaq ou Psy bien sûr.

4- Le public béninois, un public acculturé!

Si vous ne le saviez pas, vous étiez surement en voyage sur une île avec Robinson Crusoé. Le public béninois n’apprécie pas souvent à sa juste valeur, le travail de l’artiste. Il n’est pas rare de voir de gros singles passer inaperçus. Et quand ce n’est pas le cas, le public ne suit pas, n’encourage pas. Il faudrait à un moment travailler ce public pour lui apprendre beaucoup. 

5- Que vaut la musique de nos artistes? On peut également reformuler la question en se demandant quel est le public de nos artistes ?

Facile de répondre à cette question quand on sait que la majorité de nos artistes évoluent dans le rap et la trap que consomme qu’une infime partie de la jeunesse du pays. D’où le véritable problème pour le remplissage d’une très grande salle. Oui ce n’est pas rare de voir des artistes comme Kemi, GG Lapino, ou même des anciens de la génération de Sagbohan remplir le stade de l’amitié. C’est beaucoup plus dur pour les jeunes, vu que le public n’est pas culturellement prêt. Toutes les générations ne se retrouvent pas forcément dans leurs singles. Eh oui, ne demandez pas à nos parents d’écouter les sons sur les fesses ou gamabada et venir applaudir en concert.

6- Petit Bonus: Nos artistes sont tellement stars… (au point de ne plus prêter attention à ce que l’on leur conseille)

Oui oui et oui. On n’a pas besoin de développer, nos artistes ont de grosses têtes. Ils ne suivent pas les exemples. Chacun évolue dans son coin sans suivre les conseils. Et ceux qui liront cet article n’en feront rien, mais on est au 229 on fait avec.         

Nous pouvons continuer toute la journée à parler des freins, des peurs mais n’oublions pas que tout est une question de volonté et même si Dibi Dobo n’a pas réussi à faire le plein à son essai, ce n’était pas forcément un échec mais une leçon pour les suivants. Malgré tout certains artistes peuvent prétendre à remplir le palais des sports. A ce titre, nous avons Fanicko avec son nouveau statut de star international, Vano Baby, le chouchou de la jeunesse béninoise, Nikanor, le seul d’entre eux qui offre une musique pour toutes les générations, l’artiste du peuple. Ou sinon le retour de Mister Blaaz pourrait le faire, Le roi de la street pourquoi pas? Néanmoins, il faudra se lever tôt , on veut voir un artiste mettre sur son CV "J’ai rempli le stade de l’amitié". 


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