Il y a ceux qui filment, et il y a ceux qui racontent. Ceux qui alignent des plans, et ceux qui sculptent des visions. Au Bénin, il existe des réalisateurs qui imposent leur prisme, leur signature, leur manière singulière de penser l’image.  

BARAKELL BENI – L’ORCHESTRATEUR

La science dans la gestion des foules et l’art dans la scénarisation du collectif,  Barakell Beni l’a appréhendé et s'en saisi avec maîtrise. Son talent réside aussi dans sa capacité à concevoir et construire des mises en scène où chaque figurant devient un élément narratif à part entière. Ce pouvoir de conception et de conceptualisation en fait un artiste dont l’acuité est aiguisé. De sorte qu’avec lui, pas de mouvements aléatoires ni d’amas indistincts : tout est structuré, pensé pour créer une dynamique de groupe qui sert le propos. De plus, les nuances dans les effets pour lesquels il opte, la précision dans les angles de prise de vue, ses prismes narratifs affûtés, font de lui, un réalisateur qui se dépasse dans la rhétorique du clip pour proposer de la finesse visuelle.   

LYPSO – LE BÂTISSEUR 

L’art de partir de rien pour bâtir une perspective visuelle impactante. C’est ça, Lyspo. Là où d’autres voient un décor absent, lui voit un potentiel en attente. Il compose avec le peu, fait exister l’inattendu, consolide en utilisant l’existant, possède l’espace au gré de ses prises de risques, et crée une dynamique qui donne du corps et du sens aux images selon un élan combinatoire. Son mouvement de caméra ne se suffit pas dans la transcription, il s’invente. À cela, se mêle une maîtrise fine de la colorimétrie et de l’étalonnage qui donnent une texture spécifique à chacun de ses projets. C'est pourquoi, Lyspo, vaut davantage par son mindset. Celui de la transmission rentable. Il ne garde pas son savoir pour lui : il construit, il enseigne, il façonne l’avenir de la réalisation béninoise et africaine à travers une école qu'il a créé (LYPSO PROD ACADEMY) pour pérenniser son approche.  

CASS LEE – LE POÉTISEUR  

Avant tout, il échappe souvent à la nécessité de faire de ses créations une sphère illustrative. Il n’est donc pas question pour lui, de surligner les mots, et d'en faire une matière transcriptrice. Une chanson qu'on lui confie devient malléable sous sa perspective visuelle. Les paroles semblent n’être que prétextes, car il les dépasse, il les déplace, il les réinterprète. Son travail repose sur une intention narrative où le clip ne se contente pas de montrer mais de suggérer, d'ouvrir des champs de perceptions, d’exprimer d'autres versants du regard. Pour y parvenir, il sait s’appuyer sur ce pouvoir de l’abstrait, cette capacité à raconter au-delà du visible, du commun. Avec lui, chaque plan devient, élément d’un langage plus grand, et se construit en tant que propos en soi.