Dans notre paysage audiovisuel béninois, certains réalisateurs développent des approches singulières qui méritent notre attention. À travers leurs choix esthétiques, leurs méthodes de travail et leurs positionnements professionnels, 100 Mak, le duo Tony R & Ali Baba, et le Collectif proposent des pratiques qui contribuent à renouveler les formes de fonctionnement et de réalisation capable de susciter de véritables mutations dans notre écosystème. Qu’en est-il et que retenir ?

100 MAK – LE STRATÈGE

Faire du clip est un titre de voyage créatif, un passeport visuel international. Voici la recette qui a forgé la portée de 100 Mak. Il a le sens de l’exportation et de la conquête de territoires en dehors du Bénin. Chaque projet qu’il touche porte cette ambition : faire rayonner son sens de l’image au-delà des frontières. Mais au-delà de la question de visibilité, il l'aborde comme une manière de répondre au besoin de qualité visuelle dans un contexte francophone. Et puis, par son travail, il capte la nature du clip, le genre de l’artiste, et ajuste son cadrage en fonction. Son approche est subtile : il filme en comprenant l’essence de la musique et la traduit en images calibrées pour un impact adapté et maximal.

TONY R & ALI BABA – LES MÉTHODIQUES

Tony R et Ali Baba développent une approche de la réalisation qui accorde une place centrale à la mise en scène et à la scénographie. Leur travail s’organise autour d’un goût affirmé pour les décors naturels, notamment les espaces verdoyants, qu’ils exploitent comme éléments narratifs.  

Le recours récurrent aux plans drones semble leur permettre d’instaurer un rythme visuel spécifique. En effet, ces mouvements aériens contribuent dans leurs oeuvres, à assurer une continuité dans les transitions et concurrent à structurer les séquences, en s’affranchissant d’une fonction illustrative.  

Ce duo se distingue également par des méthodes de travail rigoureuses, qui reposent entre autres sur une préparation approfondie de leurs tournages. Leur approche semble privilégier la cohérence esthétique, et une utilisation réfléchie de la lumière naturelle.  

En cela, Tony R et Ali Baba, se défont du désir de la démonstration, pour se spécialiser dans le sens de la composition des images qui suggestifs et évocateurs.

LE COLLECTIF – LES STRUCTURÉS

Le Collectif fonctionne sur une logique de mutualisation des compétences et de construction d’une dynamique structurante de groupe solide et consolidé. C’est dire à quel point, leur fonctionnement remet en question certaines idées reçues sur les difficultés de coopération professionnelle au Bénin. 

Cette démarche s’accompagne d’un positionnement clairement assumé sur le segment haut de gamme, avec une attention particulière portée à la qualité de la production. 

Et d’un point de vue esthétique, Le Collectif semble développer une identité visuelle marquée par une prédominance des tonalités sombres. Cette perspective participe à la construction d’une narration qui emprunte ses codes au langage cinématographique, notamment dans le traitement des ambiances, le rythme du montage, la trame et la mise en scène. Le clip y est pensé comme une projection visuelle, avec une structure narrative proche de celle du court-métrage. Par ailleurs, chacun des membres fondateurs détient une compétence spécifique dans les domaines clés de l’audiovisuel – photographie, réalisation, direction artistique, production, postproduction – ce qui permet une gestion intégrée des projets, une réactivité accrue et un contrôle renforcé sur l’ensemble du processus de création.

Ce qui inscrit clairement leur démarche dans une perspective de long terme, avec un modèle organisationnel qui associe autonomie créative et efficacité administrative.